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La télémédecine se révèle efficace dans le traitement de la dépendance aux opiacés dans le Nord

Un éminent spécialiste de la toxicomanie est surpris des résultats d’une étude montrant que la télémédecine améliore les résultats du traitement des toxicomanies dans le Nord.

«On supposait que la télémédecine était une solution de rechange inférieure aux soins en personne, mais ce n’est pas le cas », affirme le Dr David Marsh, professeur à l’EMNO, chercheur principal en toxicomanie et membre d’un groupe de travail d’urgence sur les opiacés de la province.

«Nous avons commencé à étudier la télémédecine pour voir quels résultats engendrait son utilisation. Nous avons été très surpris d’apprendre que les patients en traitement de la toxicomanie qui avaient été vus par le biais de la télémédecine se portaient aussi bien, sinon mieux, que les patients vus en personne », explique le Dr Marsh.

Selon l’étude The effectiveness of telemedicine-delivered opioid agonist therapy in a supervised clinical setting, « les patients vus au moyen de la télémédecine présentaient un taux de rétention de 50 p. 100 au bout d’un an, tandis que ce taux était de 39 p. 100 chez les patients vus sur place ». L’étude a permis de conclure que la télémédecine « peut être une solution de rechange efficace à la prestation en personne du TAO [traitement par agonistes opioïdes], et qu’elle peut élargir l’accès aux soins dans les régions rurales, éloignées et urbaines »[1].

« Comme je vois mes patients fréquemment, souvent tous les mois pendant des années, je suis en mesure d’apprendre à les connaître assez bien par vidéoconférence », précise Dr Marsh.

Les systèmes de vidéoconférence et d’autres outils de soins virtuels constituent un moyen pratique de mettre en contact des patients qui, autrement, n’auraient peut-être pas accès à des cliniciens et à des spécialistes partout en Ontario, ou qui pourraient devoir parcourir de grandes distances pour les voir en personne.

Selon le document de recherche Clinical Telemedicine Utilization in Ontario over the Ontario Telemedicine Network, « la télémédecine est souvent utilisée pour fournir des services de santé mentale aux patients, en particulier à ceux qui résident dans des collectivités rurales et éloignées mal desservies ayant un accès limité aux services en personne. Praxia a signalé qu’en 2010-2011, 54 p. 100 de l’utilisation de la télémédecine au Canada était consacrée aux toxicomanies et à la santé mentale. Dans le cadre de notre étude, l’utilisation de la télémédecine était destinée dans une mesure de 62 p. 100 aux services de santé mentale et de toxicomanie. Ces chiffres laissent entendre que la télémédecine aide à compenser le manque de spécialistes médicaux dans les régions rurales et nordiques, ce qui permet de constater les avantages financiers et environnementaux associés à la réduction des déplacements des patients ou des fournisseurs ainsi que les avantages potentiels pour la santé d’un accès accru aux soins médicaux »[2].

Selon le Réseau Télémédecine Ontario (RTO), « en 2017-2018, plus de 30 nouveaux systèmes de télémédecine ont été distribués aux communautés autochtones avec plus de 120 systèmes actifs à travers la province. En 2018, le RTO a amélioré l’accès aux soins dans les postes de soins infirmiers éloignés des Premières nations de North Caribou Lake, Wunnumin Lake, Poplar Hill et Cat Lake »[3].

Selon Dr Marsh, la télémédecine offre un bon équilibre, en ce sens qu’elle permet aux patients d’avoir accès aux médecins plus facilement et plus près de leur domicile. « La prise en charge de la dépendance aux opiacés est structurée autour du traitement; elle fournit un soutien et un suivi qui aident les patients à améliorer leur santé mentale physique, à réduire leur consommation de drogues et à s’orienter vers des activités sociales plus positives », ajoute-t-il.

Ces interactions sociales fréquentes et mineures complètent les rendez-vous et les traitements de télémédecine, ce qui peut expliquer en partie l’amélioration des résultats.

«Je pense que pour certains patients, la vidéoconférence aide en fait parce que beaucoup de nos patients ont des problèmes de santé mentale importants, surtout des antécédents de traumatisme. La télémédecine établit une limite et un contexte dans lesquels les interactions se produisent. Je pense que cela aide le patient à se sentir en sécurité, surtout ceux qui ont eu des traumatismes dans le passé et qui ont de la difficulté à voir un médecin », explique le Dr Marsh.

Toutefois, il indique qu’il y a d’autres sujets que ses données de recherche n’ont pas encore permis d’aborder lorsqu’il s’agit de mesurer les stratégies de traitement de la dépendance aux opiacés dans le Nord, comme le besoin d’en apprendre davantage sur les taux de logements instables, l’itinérance, les liens avec des accusations criminelles, les interactions avec le système pénal et le contexte social. Il dit avoir bon espoir que d’autres outils seront mis au jour grâce aux recherches en cours.

« Nous avons un document qui fait actuellement l’objet d’un examen par les pairs et qui porte sur les résultats du système de santé de façon plus générale. Par exemple, lorsque les patients suivent un traitement à la méthadone et à la Suboxone, leur mortalité toutes causes confondues se trouve réduite de 55 p. 100. De plus, nous avons constaté une réduction importante du nombre d’admissions à l’hôpital et de visites à l’urgence avec traitement. Nous examinons aussi comment les services de santé mentale affectent le traitement. »

« La stigmatisation est certainement un problème majeur pour les personnes qui utilisent régulièrement des drogues. Elle les empêche d’obtenir des soins de santé et de se faire soigner. » Dr Marsh croit qu’en offrant des options de téléconférence, les patients auront accès à un plus grand nombre de médecins plus facilement et plus près de chez eux.

Sources :

[1] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0376871617302077

[2] https://www.liebertpub.com/doi/full/10.1089/tmj.2015.0166 Clinical Telemedicine Utilization in Ontario over the Ontario Telemedicine Network, 2016.

[3] https://otn.ca/wp-content/uploads/2017/11/otn-annual-report.pdf

 

 

Nomination du Dr Alexander Moise à un groupe national de recherche

Le Dr Alexander Moise a été nommé au Groupe d’évaluation des gènes, des cellules et des molécules du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) pour un mandat de trois ans. Il participera au processus national d’examen par les pairs qui assure l’efficacité, la santé et la vitalité de la communauté de recherche du Canada.

« Le succès du CRSNG dans le soutien à la recherche universitaire en sciences naturelles et en génie dépend de la participation bénévole de ses membres au processus d’examen par les pairs qui jouit d’une grande réputation dans les communautés de recherche canadiennes et internationales. Sa crédibilité est liée à la participation de certains des meilleurs chercheurs – et des plus occupés – de tous les secteurs » dit Céline Bérubé, chef d’équipe, Sciences de la vie – Gènes, cellules et molécules au CRSNG.

Le Dr Moise a été sélectionné pour faire partie du Groupe d’évaluation des gènes, cellules et molécules en raison de sa série de compétences et de son expertise. Les membres du groupe sont reconnus et respectés à l’échelle internationale. Il espère profiter de cette occasion pour prôner une meilleure nutrition et la prévention des maladies chroniques.

« Tant dans mes recherches que dans mon travail, j’essaie de faire connaître le rôle de la bonne nutrition comme un moyen rentable et sous-utilisé de prévenir les maladies et d’améliorer la santé. Je pense aussi qu’en tant que pays industrialisé, le Canada pourrait faire un peu plus pour promouvoir l’éducation et l’accès à de la nourriture saine et propre à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. »

En dépit du travail considérable que représente la participation à ce groupe, il pense que son nouveau rôle est un moyen appréciable de se tenir au courant des recherches les plus récentes et de promouvoir les recherches menées à l’EMNO : « Beaucoup de nos professeurs qui participent au processus d’examen par les pairs des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du CRSNG, et du Conseil de recherches en sciences sociales (CRSH) trouvent l’expérience appréciable et enrichissante. Je pense personnellement que la participation à l’examen par les pairs est le moyen le plus utile d’apprendre les rouages du processus d’attribution de subventions et une bonne façon de se tenir au courant des nouveautés en recherche. »

« La participation de professeurs à des groupes d’examen renforce notre présence dans la communauté de recherche en général et nous permet de promouvoir la recherche, les valeurs et l’expertise qui s’alignent sur la mission de l’EMNO » ajoute‑t‑il.

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