La joie d’exercer la médecine familiale
Posted on February 20, 2024Il est rare qu’une fenêtre s’ouvre sur l’effet que nous avons sur la vie des autres. Récemment, quelqu’un m’a contacté sur les médias sociaux et m’a fait le plus beau cadeau que j’aie jamais reçu. Cette personne est une ancienne patiente que j’avais à Kingston, en Ontario, où j’étais médecin de famille. Bien que je n’y exerce plus depuis 2005, elle voulait me saluer et me dire que les soins que je lui ai prodigués pendant dix ans, depuis son adolescence, avaient « sauvé sa vie » et l’avaient « inspirée » à faire des études de médecine.
Tout un moment.
Je suis immensément fière d’être médecin de famille! La joie, les défis, l’émerveillement et le privilège d’être dans la vie des gens ne sont qu’une partie de ce qui rend cette spécialité si incroyablement spéciale. J’ai adoré mes plus de 25 ans d’exercice, la majeure partie de la première décennie en tant que médecin de famille polyvalent fournissant tout une gamme de soins allant des soins prénataux aux soins palliatifs. J’ai découvert la médecine sur le tard car j’ai suivi ma formation en tant qu’étudiante adulte. J’ai d’abord envisagé de devenir chirurgienne, puis médecin légiste (ce qui aurait combiné mes carrières en droit et en médecine), mais j’ai fini par devenir médecin de famille. J’ai été attirée par la polyvalence, le plaisir et l’étonnante complexité du métier de détective dans le domaine de la santé. Après tout, ce sont les médecins de famille qui posent les diagnostics.
En fait, la médecine familiale est le cœur et l’âme de la médecine. C’est la porte par laquelle les patients accèdent aux soins spécialisés et c’est la spécialité qui assure la continuité. La médecine familiale est une affaire de relations et de soins apportés à des familles entières comptant plusieurs générations. Les médecins de famille font partie d’une communauté. Ils ont le privilège d’accompagner les patients tout au long de leur vie. La médecine familiale est une source d’inspiration, elle a un impact et, en fait, elle n’est jamais, jamais ennuyeuse.
Au Canada, la perception est que la médecine familiale est en crise depuis un certain nombre d’années. En fait, les craintes que moins d’étudiants choisissent la médecine familiale comme carrière ont abondé ces derniers temps. Selon le Service canadien de jumelage des résidents (CaRMS), en 2022, la médecine familiale a été le premier choix de seulement 30,7 % des candidats canadiens. Est-ce vraiment si soudain ou si alarmant? En réalité, les taux de jumelage n’ont pas changé de façon spectaculaire depuis un certain temps, le CaRMS rapportant que 31,4 % ont choisi la médecine familiale en 2021, 36,3 % en 2013, 31,8 % en 2010 et 31,6 % en 2009. En fait, en 2001, moins de 28 % des diplômés ont choisi la médecine familiale. Cette crise n’est pas nouvelle. Le point culminant a été de 38,5 % en 2015.
Le vrai problème est que ces dernières années, après le jumelage pour la résidence, il restait un nombre alarmant de postes non comblés (sans jumelage) en médecine familiale au Canada. En 2023, le nombre était de 268. Il convient de souligner que 194 candidats n’ont pas été jumelés cette année-là (en excluant les candidats étrangers et américains). Souvent, cela signifie que les personnes qui choisissent une spécialité dans laquelle il y a moins de postes (comme ophtalmologie, otorhinolaryngologie ou chirurgie esthétique) ne se rabattent pas sur la médecine familiale et attendent l’année suivante pour se réessayer dans la spécialité qu’ils ont choisie. Le mythe courant qu’il n’y a pas suffisamment de postes en résidence pour les diplômés canadiens est juste cela : un mythe. La réalité est que si davantage d’étudiants choisissaient la médecine familiale, il y aurait probablement suffisamment de postes pour eux.
Alors, comment renverser la situation?
D’une part, nous devrions parler davantage des joies plutôt que des défis et des problèmes de la médecine familiale. Le 1er février 2024, nous avons organisé la cinquième Série annuelle de conférences de la rectrice Reviving the Heart of Health Care: The Joy of Practising Family Medicine (Revitaliser le cœur des soins de santé : La joie de la médecine familiale). La participation a été fantastique. Nous avons eu une discussion animée sur les raisons pour lesquelles les diplômés devraient envisager la médecine familiale comme carrière dans les soins de santé. Le Dr Michael Green, président du Collège des médecins de famille du Canada, a présenté l’idée que la médecine familiale est en fait une spécialité, et a parlé de l’étendue et de la profondeur de son champ d’application. La Dre Mekalai Kumanan, présidente de l’Ontario College of Family Physicians, a parlé des défis récents de la prestation de soins primaires ainsi que des solutions, telles que le modèle d’équipe de santé familiale propre à l’Ontario et la façon dont les médecins de famille influencent le changement en tant que défenseurs.
Les Drs Sarah Newbery (doyenne associée, Stratégie de renforcement du corps médical, établie à Marathon), Adam Moir (professeur agrégé et médecin de famille à Dryden) et Dave McLinden (professeur agrégé et clinicien de liaison de site à Huntsville) ont fait part de leurs expériences directes dans les contextes ruraux du Nord et de leur amour pour leur travail. Enfin, les Dres Émilie Gillissie, Rebecca Bourdon et Chandelle Mensour, résidentes en médecine familiale à l’Université de l’EMNO, nous ont expliqué pourquoi elles ont choisi de faire carrière en médecine familiale et comment elles envisagent l’avenir de la discipline.
L’Université de l’EMNO prend les devants pour susciter l’intérêt pour la médecine familiale et remédier aux graves pénuries. Près de 100 personnes se sont connectées pour suivre en direct la cinquième Série annuelle de conférences de la rectrice sur WebEx et YouTube, et l’enregistrement a été visionné près de 500 fois dans les 10 jours qui ont suivi l’événement. La Série de conférences de la rectrice a également fait l’objet de reportages dans tout le Nord :
- CTV News – « NOSM University touting joys of family medicine »
- Sudbury.com – « Family medicine crisis far worse in Northern Ontario »
L’Université de l’EMNO est très efficace dans la formation des médecins de famille (en général, 50 % de nos diplômés choisissent cette carrière). C’est le taux le plus élevé au Canada, et nos diplômées et diplômés sont des médecins de famille heureux. Malgré cela, nous avons du mal à suivre le rythme des départs à la retraite et des médecins qui cessent d’exercer. Les solutions à ce problème sont complexes (former des médecins de famille et doubler la taille de notre école de médecine n’est qu’une stratégie parmi d’autres). Les problèmes systémiques sont importants. Les modèles de rémunération, la détresse des hôpitaux qui luttent pour rester ouverts et le fait qu’il s’agit d’un marché d’acheteurs sur lequel nous sommes en concurrence avec le reste du Canada (où la pénurie de médecins est tout aussi importante) signifient que le Nord de l’Ontario nécessite une attention particulière. Il y a un besoin criant de logements adéquats, d’écoles pour les professionnels qui ont des enfants, d’emplois pour leurs partenaires, d’excellents environnements de travail et de bureaux clés en main, de professionnels paramédicaux adéquats, y compris des infirmières, et d’infrastructures pour soutenir la médecine familiale.
L’Université de l’EMNO, ainsi que d’autres établissements de soins de santé, est essentielle à l’économie de l’Ontario. Sans un secteur des soins de santé solide, le secteur commercial n’investira pas dans nos communautés. Avec l’augmentation du fardeau des maladies chroniques, des troubles mentaux et des toxicomanies, ainsi que le vieillissement de la population, le soutien à l’Université de l’EMNO, aux hôpitaux et au système de santé est à un point critique. Malgré l’annonce récente de l’injection de fonds par le gouvernement fédéral, les retombées pour les universités médicales et les hôpitaux se font encore attendre. Nous travaillons frénétiquement pour veiller à ce que cette infrastructure fragile ne s’effondre pas.
L’Université de l’EMNO continuera de faire sa part et de prôner le leadership et le soutien financier pour nous tous.
Merci, miigwetch, thank you, marsi,
Dre Sarita Verma
Rectrice, vice-chancelière, doyenne et PDG
Université de l’EMNO
Si vous avez des commentaires, envoyez-les à president@nosm.ca et suivez-moi sur X (anciennement Twitter) @ddsv3.
Mois de l’histoire des Noirs
Lancé le 1er février, un nouveau guide axé sur les ressources touchant le Mois de l’histoire des Noirs est disponible à la Bibliothèque des sciences de la santé de l’Université de l’EMNO, grâce à une collaboration avec l’équipe de l’équité et de l’inclusion.
Renseignez-vous sur le guide de la bibliothèque sur le Mois de l’histoire des Noirs
Le samedi 3 février, la Dre Verma et des membres de la communauté de l’Université de l’EMNO ont participé au gala du Mois de l’histoire des Noirs (photo ci-dessus) organisé par l’Afro-Heritage Association of Sudbury.
Semaine de sensibilisation aux résidents – 5-9 février 2024
La Semaine de sensibilisation aux résidents a eu lieu du 5 au 9 février 2024. Les médecins résidents sont des piliers de la communauté et fournissent des soins indispensables à une époque où notre système de santé est mis à rude épreuve.
Voyez comment les résidents de l’Université de l’EMNO nous inspirent.
Entente d’affiliation entre l’Université de l’EMNO et la TMU
La Dre Verma et Joanne Musico, directrice des communications et des relations extérieures, ont rencontré le recteur de la Toronto Metropolitan University (TMU), Mohamed Lachemi, et la Dre Teresa Chan, doyenne de la nouvelle école de médecine de la TMU, à Toronto, le 22 janvier 2024. Une entente d’affiliation de trois ans vise à établir une relation de collaboration et de réciprocité qui tire parti de l’expertise des deux organismes et soutient une approche avant-gardiste de la formation en médecine. Renseignez-vous sur le partenariat entre l’Université de l’EMNO et la Toronto Metropolitan University.