Les groupes locaux d’éducation de Huntsville, Parry Sound et Bracebridge mettent la recherche à la portée des cliniciens
Posted on December 4, 2024Il est reconnu universellement que la recherche demande beaucoup de temps et de ressources. Pour les cliniciens qui travaillent à temps plein dans de petites communautés, il est presque impossible de faire tout ce qu’il faut pour mener de bonnes recherches.
C’est là que Lisa Allen, Ph.D., entre en jeu. Titulaire d’un baccalauréat ès sciences et d’un doctorat en sciences biomoléculaires, elle est coordonnatrice de la recherche des groupes locaux d’éducation (GLE) de Huntsville, Parry Sound et Bracebridge depuis une dizaine d’années.
Elle travaille avec divers cliniciens, notamment des médecins de famille, des chirurgiens, des internistes, des anesthésistes, des physiatres et d’autres. Elle effectue le travail complexe mais important qui leur permet de consacrer davantage de temps à leurs recherches.
« Tous les cliniciens avec qui je travaille sont occupés à temps plein, dit-elle. Je peux faciliter la collecte de documentation, la gestion de projets et la collecte de données afin qu’ils puissent se concentrer sur leurs recherches. »
Les trois GLE travaillent sur plusieurs études. Celles de Parry Sound incluent un programme d’intervention médicale sur le mode de vie qui s’étend dans d’autres communautés du pays, une étude sur les soins de fin de vie respectueux de la culture et une étude sur les gelures qui a été présentée à la Canadian Burn Association et le sera à l’American Burn Association en 2025.
À Huntsville, les cliniciens examinent un programme d’exercice pour les survivants du cancer qui se déroule depuis environ cinq ans, l’allergie à la pénicilline prise directement par voie orale, une clinique qui fournit des soins continus aux personnes qui n’ont pas de médecin permanent, et une clinique de santé des femmes.
À Bracebridge, les études portent entre autres sur la dystocie, les changements qu’entraînent les dossiers médicaux électroniques dans les règlements de la Loi sur la protection des renseignements personnels sur la santé, et des moyens d’améliorer les soins des personnes hospitalisées atteintes de delirium ainsi que les services des communautés rurales.
Mme Allen ajoute que davantage de médecins ont manifesté leur intérêt à mener des recherches au cours des cinq dernières années, notamment des médecins de famille, des chirurgiens, des internistes, des anesthésistes, des physiatres et d’autres. Le programme est passé d’un à plus de 40 chercheurs, tous membres du corps professoral de l’Université de l’EMNO qui travaillent actuellement sur diverses études. Grâce au soutien qu’elle leur apporte, la perspective de mener des recherches en plus de leur travail clinique à plein temps les intimide moins.
« Je pense que la plus grande réussite maintenant est que les médecins voient qu’ils peuvent s’engager dans la recherche sans perturber l’équilibre entre la vie personnelle et le travail » fait-elle remarquer.
Perspectives de cliniciens
Les Drs Hector Roldan, Timothy Lapp et Roy Kirkpatrick, médecins à Huntsville ont travaillé avec les GLE et Mme Allen sur plusieurs études.
Le Dr Kirkpatrick, chirurgien général à Huntsville depuis plus de 30 ans et directeur de la section de chirurgie à l’Université de l’EMNO, affirme que sans les GLE et le travail de Mme Allen, il serait impossible de mener des recherches : « Des médecins ordinaires ont maintenant accès à ce type de travail ». Avec le soutien de Mme Allen et d’autres membres du personnel et de l’administration des GLE, un nombre grandissant de médecins peuvent participer à des études.
Le Dr Lapp, spécialiste de la médecine physique et de la réadaptation, déclare quant à lui que « La capacité de recherche à Huntsville était virtuellement nulle. Ce n’était pas par manque d’intérêt mais parce qu’il était impossible d’avoir un emploi à temps plein dans une communauté rurale et de mener aussi des recherches utiles ». « Avec la création du GLE, nous avons obtenu plus de 1,5 million de dollars de subventions jusqu’à présent. Les personnes qui ne se voyaient pas faire de la recherche, ou n’imaginaient pas une carrière en recherche pour elles à Huntsville, ont maintenant cette option. »
Le succès des GLE a aussi apporté à la population étudiante universitaire la possibilité d’acquérir de l’expérience en recherche car elle peut participer à la collecte de données au cours d’un programme estival de travail-études. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants ont entrepris des études de médecine ou continuent leur carrière en médecine.
Grâce à la création des GLE, nombre de membres du corps professoral clinicien de l’Université de l’EMNO qui participent à la recherche constituent un bon exemple pour la population étudiante en médecine, ajoute le Dr Kirkpatrick. Cela montre qu’il est possible d’être clinicien-chercheur : « Il est appréciable que notre population étudiante voie que nous nous intéressons à la recherche, que c’est possible et qu’il est important de participer à la recherche pour acquérir des compétences et développer la réflexion critique ».
Tous les médecins s’entendent pour dire que la combinaison de la recherche et du travail à temps plein comme médecins apporte une valeur immense à leur profession.
Le Dr Roldan, chirurgien général, est coordonnateur de la recherche en chirurgie générale à l’Université de l’EMNO. Il travaille sur quatre études subventionnées à Huntsville depuis 2015 et dit que c’est une occasion de s’instruire dans son domaine d’exercice et qu’elle change la routine de la vie dans une petite communauté : « La recherche est très importante pour les cliniciens parce qu’elle apporte des connaissances approfondies sur un sujet. La possibilité de s’instruire est étonnante ». « La recherche donne diverses choses à faire dans l’exercice, surtout pour les médecins ruraux. J’aime le petit défi qu’elle m’apporte » ajoute-t-il.
De l’avis du Dr Lapp, les recherches menées par les cliniciens sont bénéfiques pour les petites communautés car elles leur donnent la possibilité de valider des études menées ailleurs. « Beaucoup d’éléments probants viennent de grands centres urbains qui ne ressemblent pas au genre de soins que nous fournissons ici, dit-il. Si nous, dans une petite communauté, pouvons mesurer notre efficacité par rapport à ce que les grands milieux urbains et les grands milieux universitaires nous disent ce que nous devrions faire, cela est précieux. »
Le succès des GLE de Huntsville, Parry Sound et Bracebridge a créé une culture de recherche dans les trois communautés, culture que les cliniciens-chercheurs espèrent renforcer pendant encore des années.
Mme Allen dit que les GLE attendent avec intérêt de travailler davantage avec les communautés l’année prochaine, d’améliorer les soins aux patients et l’efficacité, et de sensibiliser davantage de personnes aux recherches menées.
« L’avenir s’annonce brillant » affirme le Dr Kirkpatrick.